Discussion avec Christian Ruel

Vice-président, Finances et Administration et officier du développement durable au Palais des congrès de Montréal 

Christian Ruel est un double diplômé de l’ESG UQAM avec un DESS en comptabilité (2010) et un MBA pour cadres (programme exécutif CMA) (2012). Il détient également les titres de comptable professionnel agréé (CPA) et d’administrateur de sociétés certifié (ASC). 

Après plus de 15 ans dans le domaine culturel, il travaille depuis 2018 au Palais des congrès de Montréal. 

Nous avions quelques questions pour lui, alors bonne lecture! 

Mise à jour octobre 2023 : Christian Ruel occupe désormais le poste de chef de la direction financière aux Commissionnaires du Québec.

Diplômé de l’ESG UQAM:
DESS en comptabilité (2010)
MBA pour cadres (programme exécutif CMA (2012)
Quel a été votre parcours depuis la diplomation?

J’ai occupé différents postes de directeur adjoint à l’Office national du film du Canada (ONF), en finance, opérations et technologie.  Après avoir obtenu mon MBA-CMA à l’ESG UQAM, il ne m’a pas fallu un an pour que je quitte l’ONF et occupe un poste de directeur des finances et de l’administration à la Société de la Place des Arts. Cela a été rendu possible grâce à ma formation. Sans mon titre de CPA et mon MBA, je n’aurais pas pu prétendre à ce poste. Par la suite, j’ai poursuivi mes études pour obtenir la certification ASC offerte par le Collège des administrateurs de société de l’Université Laval.  

Après cinq années à la Place des Arts, j’ai décidé de relever de nouveaux défis en rejoignant l’équipe du Palais des congrès. J’étais prêt à explorer des opportunités différentes. 

En quoi consiste votre rôle au Palais des congrès?
En tant que vice-président des finances et de l’administration au Palais des congrès, je suis responsable de divers domaines, tels que la comptabilité, les ressources informationnelles (TI) et la gouvernance, y compris les relations avec le conseil d’administration et les différents comités. Je suis également chargé de la planification stratégique. 

De plus, j’assume le rôle de coordonnateur des initiatives de développement durable, où je propose des stratégies d’affaires en lien avec le développement durable. Par exemple, je suggère des outils permettant d’organiser des événements plus durables et respectueux de l’environnement. Cependant, le développement durable ne se limite pas uniquement à l’environnement, il englobe un large spectre. Le volet social est également d’une grande importance. Ainsi, nous avons lancé plusieurs programmes visant à avoir un impact positif sur notre communauté locale et à nous y intégrer davantage.  

Pendant longtemps, le Palais des congrès était perçu comme un lieu de passage. Cependant, nous avons réalisé que cela n’avait pas de sens si nous souhaitions nous inscrire dans la durée. Il est primordial d’être bien plus qu’un lieu de passage, plus que des pieds carrés.  

Vous avez été gestionnaire dans le domaine de la culture, en quoi cette gestion est différente? Quels sont les enjeux particuliers de ce domaine? 

J’ai réalisé qu’opérationnellement, le passage vers le tourisme d’affaires et l’événementiel d’affaires présentait de nombreuses similitudes avec le domaine culturel. Que ce soit à la Place des Arts ou au Palais des congrès, nous travaillons avec de l’espace. Dans un cas, il s’agit d’une salle avec des sièges, tandis que dans l’autre cas, il s’agit d’un espace que nous aménageons en fonction des besoins d’une organisation. La véritable dynamique réside dans l’expérience que nous sommes capables de faire vivre aux gens. 

Ce qui distingue particulièrement le milieu culturel, c’est son aspect émotionnel. Les relations avec les résidents de la Place des Arts sont peut-être plus exigeantes que dans d’autres domaines, car il existe une proximité plus étroite. Travailler avec des créateurs crée une dynamique spéciale, car leur œuvre est comme leur bébé! La gestion des émotions est plus grande dans le domaine culturel, ce qui constitue à la fois une particularité et une richesse.  

Le Palais des congrès est reconnu comme un pôle de créativité et d’innovation dans l’écosystème montréalais; comment l’innovation est intégrée dans la stratégie du Palais? 
L’innovation a pris différentes formes au Palais des congrès. Depuis environ 2019, elle est devenue un élément central de nos activités et de nos besoins. Nous avons lancé plusieurs initiatives avant la pandémie pour placer l’innovation au cœur de nos opérations. 

Tout d’abord, il y a l’innovation transformationnelle, celle qui nous pousse à sortir des sentiers battus. Dans cette optique, nous avons créé un Lab événementiel en partenariat avec le MT Lab. L’objectif est d’identifier des entreprises avec lesquelles nous pouvons collaborer pour renouveler les expériences offertes aux congressistes et aux organisateurs d’événements. Cela nous permet de découvrir des opportunités auxquelles nous n’aurions pas pensé et de devenir un véritable terrain de jeu pour l’innovation. Cette dimension est essentielle, et nous comptons désormais 14 start-ups qui font partie de ce Lab. 

Ensuite, nous nous engageons également dans des efforts d’amélioration continue, ce que l’on appelle l’innovation incrémentale. Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, nous réfléchissons à l’amélioration de nos processus afin d’offrir de meilleurs services à nos différentes clientèles, tant internes qu’externes. Ces initiatives apportent également des changements culturels au sein de notre organisation. 

Nous avons d’ailleurs élaboré une stratégie d’innovation qui constitue une partie intégrante de notre planification stratégique pour la période 2023-2027. 

Le domaine événementiel a connu des années rocambolesques, comment le Palais a réussi à se positionner? 
Pendant la pandémie, de nombreux centres de congrès ont fermé leurs portes, car il était inutile de maintenir leurs activités. De notre côté, nous avons réalisé que tous les efforts que nous avions déployés pour créer une capacité audiovisuelle et développer la diffusion d’événements nous avaient donné une longueur d’avance lorsque la pandémie est survenue. En effet, nous disposions déjà d’une infrastructure et nous avions réfléchi à ce à quoi pourraient ressembler les événements virtuels. Nous avons donc rapidement cherché des partenaires, tels que la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, ce qui nous a permis de continuer à organiser des événements dans notre domaine d’activité habituel. 

Nous avons de la chance d’avoir de l’espace, et donc pendant la pandémie, nous avons pu mettre les espaces du Palais des congrès à la disposition du CIUSSS Centre-Sud pour soutenir leur campagne de vaccination. Bien que cela n’ait pas été une obligation, nous avons ressenti que c’était notre rôle en tant qu’organisation de rendre service à la communauté. Cela allait de soi, et nous n’avons pas hésité à agir. 

Et maintenant, nous nous rapprochons de nos chiffres historiques. Nous avons organisé des événements marquants en 2022-2023, comme la COP15 en décembre dernier. Ce type d’événements se planifie généralement sur une période de 18-24 mois, et nous avons eu seulement 6 mois pour l’organiser! 

Comment le côté « Sortir du cadre » se fait ressentir dans votre travail? Et est-ce que votre côté « Sortir du cadre » vient de votre passage à l’ESG UQAM? 

Ma curiosité a toujours été une part intégrante de ma personnalité. Lorsqu’on examine mon parcours, on constate une diversité de choix et de domaines d’études. Je pense que mon passage à l’ESG UQAM a renforcé cette caractéristique. En effet, le MBA est un amalgame de nombreux aspects liés à la gestion. Les sujets abordés sont variés, mais complémentaires. Cela résonnait profondément en moi. L’ESG UQAM a su me parler, car il y avait un terrain propice à l’écoute. Cela a certainement renforcé quelque chose en moi. 

En ce qui concerne l’innovation au Palais des congrès, je suis le coordonnateur en chef. Étant donné que ces projets sont transversaux, il faut quelqu’un qui a une vision d’ensemble pour être capable de créer des changements culturels. Il faut une perspective éclairée et orientée vers l’avenir afin de mettre en place les bons changements. 

L’ESG UQAM a contribué à cette capacité de sortir du cadre, et je continue de travailler avec cette approche. C’est à la fois important et passionnant! 

Auriez-vous un conseil à donner à un·e étudiant·e en comptabilité? au MBA? 

Ce que je n’ai pas mentionné, c’est que j’ai également obtenu un baccalauréat et une maîtrise en histoire! Le conseil que je donnerais aux étudiants en comptabilité et en MBA, c’est de ne pas négliger les sciences humaines et de poursuivre leurs études et leur apprentissage, en se concentrant sur les fameuses « soft skills » dont on parle tant. L’une des choses qui m’a le plus servi, c’est ma capacité à présenter des idées de manière convaincante et à les argumenter de manière adéquate, en utilisant toujours le bon choix de mots et la bonne approche. Dans le domaine de la comptabilité et des affaires, tout le monde ne possède pas le talent pour bien exprimer ses idées. Le conseil que je donnerais est donc de rester curieux et de continuer à apprendre. Donnez-vous les moyens de vous exprimer de la meilleure façon possible, avec clarté, car cela est très apprécié et recherché dans un environnement d’affaires! 

Merci à Christian Ruel pour cette discussion fort intéressante. Vous ne verrez peut-être plus le Palais des congrès de la même façon!